Loi sur l'innovation en Crypto : un danger pour 6,5 trillions de dollars de retraites ! Le syndicat des enseignants américains : opposition à son adoption
« American Federation of Teachers» (AFT) a écrit au président du comité bancaire du Sénat, le sénateur Tim Scott, pour s’opposer fermement au « Projet de loi sur l’innovation financière responsable », avertissant que ce texte mettrait en danger la sécurité des retraites de 1,8 million de membres et pourrait être le prélude à une prochaine crise financière. La taille totale des fonds de pension publics aux États-Unis est d’environ 6,5 trillions de dollars, et l’AFT craint que la reconnaissance de la légitimité « grand public » des actifs cryptographiques par le projet de loi n’oblige les plans de retraite traditionnels à s’engager dans des investissements à haut risque.
Dispositif de tokenisation des actions : une menace de cheval de Troie pour la loi sur les valeurs mobilières
(Source : AFT)
L’AFT critique particulièrement dans son courrier la disposition du projet qui permet aux entreprises de tokeniser leurs actions et de les négocier sur la blockchain, estimant que cela affaiblirait la transparence et les mécanismes de reporting existants de la loi sur les valeurs mobilières. Si les entreprises peuvent contourner les obligations d’enregistrement et de divulgation, les fonds de pension et les plans 401(k) pourraient détenir à leur insu des actifs non réglementés. Wington souligne que cela « affaiblirait le filet de sécurité sur lequel les travailleurs ont basé toute leur vie de labeur ».
Le danger de cette disposition réside dans sa nature dissimulée. Sur la surface, la tokenisation des actions semble simplement une mise à niveau technique, améliorant l’efficacité des transactions et la rapidité de règlement. Mais en réalité, elle crée une opportunité d’arbitrage réglementaire. Les actions traditionnelles sont protégées par des exigences strictes de divulgation d’informations, d’audit financier, d’interdiction de délit d’initié, etc., qui ont été perfectionnées au fil des décennies pour protéger les investisseurs.
Une fois que les actions sont tokenisées et négociées sur la blockchain, la traçabilité et l’application de la réglementation deviennent beaucoup plus difficiles. Les transactions sur la chaîne peuvent être anonymisées, la circulation transfrontalière est plus libre, ce qui ouvre la voie à la manipulation de marché et au délit d’initié. Pour les fonds de pension détenant ces actions tokenisées, ils pourraient, à leur insu, assumer des risques bien supérieurs à ceux des actions classiques.
L’inquiétude de l’AFT n’est pas infondée. Selon la National Association of Public Pension Fund Administrators, à la fin du deuxième trimestre 2025, la taille totale des fonds de pension publics aux États-Unis s’élevait à environ 6,5 trillions de dollars, dont une part importante est constituée d’actifs de retraite d’enseignants. Ces fonds représentent la « contrepartie différée du revenu de dizaines d’années de travail des travailleurs », et devraient être investis dans des actifs relativement sûrs et réglementés. Si le projet de loi autorise la circulation de la tokenisation des actions dans ces fonds, c’est comme si l’on utilisait la pension des enseignants pour expérimenter des investissements à haut risque.
Les trois principales failles du projet de loi et leur danger pour la sécurité des retraites
Espace d’arbitrage réglementaire : la tokenisation des actions pourrait contourner les obligations d’enregistrement et de divulgation de la loi sur les valeurs mobilières
Manque flagrant de transparence : bien que traçables, les transactions sur la chaîne sont difficiles à associer aux véritables contrôleurs, rendant la détection du délit d’initié et de la manipulation de marché compliquée
Risque d’exposition forcée : le projet de loi confère une « légitimité grand public » aux actifs cryptographiques, ce qui pourrait indirectement forcer les fonds de pension à y investir
Wington insiste dans sa lettre sur le fait que la majorité des fonds de pension publics n’ont pas encore investi dans les actifs cryptographiques. Si la législation leur confère cette « légitimité grand public », cela pourrait obliger les plans de retraite traditionnels à s’engager dans des investissements à haut risque. Ce « risque passif » est la crainte majeure du syndicat : les gestionnaires de pension pourraient détenir des actifs tokenisés à cause d’un indice de référence, d’une décision de gestion active ou d’une recommandation d’une société de gestion, sans que les enseignants de base n’en soient informés ni puissent contrôler.
Insuffisances en matière de lutte contre le blanchiment et la fraude : des lacunes réglementaires mises en question
L’AFT craint également que le projet de loi ne prévoit pas suffisamment de mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent et la fraude. Dans sa lettre, elle critique le fait que la législation « ne fasse presque rien face aux activités illicites et aux transactions anonymes qui prolifèrent sur le marché cryptographique », et qu’au contraire, elle pourrait offrir davantage d’opportunités aux acteurs malveillants pour manipuler le marché. Ces critiques évoquent un problème de longue date dans le domaine des crypto-monnaies : si l’anonymat et la décentralisation sont des caractéristiques techniques, elles facilitent aussi les activités criminelles.
Au cours des dernières années, plusieurs affaires de fraude et de blanchiment impliquant des crypto-monnaies ont choqué le marché. Sam Bankman-Fried, de FTX, a été condamné pour fraude et blanchiment, pour un montant supérieur à 8 milliards de dollars. Binance a été condamné par le ministère américain de la Justice à une amende de 4,3 milliards de dollars pour non-conformité au respect des règles anti-blanchiment. Tornado Cash, un mixeur, a été accusé d’avoir permis le blanchiment de plus de 7 milliards de dollars. Ces affaires illustrent que le marché crypto présente de graves problèmes d’activité illicite en l’absence d’une réglementation efficace.
Bien que le nom « Projet de loi sur l’innovation financière responsable » laisse penser à une démarche responsable, l’AFT pense que son contenu n’est en réalité pas responsable. Le texte tente de concilier innovation et protection des investisseurs, mais du point de vue syndical, cette tentative penche trop en faveur de la première tout en sacrifiant la seconde. En particulier pour les actifs liés à la retraite, qui concernent la sécurité financière de millions de personnes, toute relaxation réglementaire pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Précédemment, la plus grande union syndicale américaine, la AFL-CIO, a également écrit en octobre au Congrès pour critiquer le projet, affirmant que « il ne protège pas les consommateurs ni les travailleurs, et expose le système financier dans son ensemble à des risques accrus ». Cette opposition unanime de plusieurs syndicats montre l’inquiétude générale des organisations ouvrières face à l’entrée des actifs cryptographiques dans le système de retraite. Les syndicats représentent les intérêts des travailleurs ouvriers et de la classe moyenne, et leur attitude envers l’innovation financière est généralement plus prudente et conservatrice.
Le défi de l’équilibre entre innovation et sécurité
Ce projet de loi, porté par la sénatrice Cynthia Lummis, vise à établir un cadre réglementaire pour les actifs cryptographiques, en clarifiant les compétences de la Securities and Exchange Commission (SEC) et de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Ses partisans estiment qu’un cadre réglementaire clair encouragera l’innovation et attirera les investissements, permettant aux États-Unis de conserver une position de leader dans la compétition mondiale en matière de crypto. Cependant, l’AFT considère que le projet de loi minimise trop les risques et la volatilité liés aux actifs cryptographiques.
Actuellement, les divergences subsistent entre républicains et démocrates quant au contenu précis du texte. Certains parlementaires soutiennent que le projet apportera un « équilibre entre innovation et réglementation », mais plusieurs organisations, dont l’AFT et l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), avertissent que le texte actuel ne prévoit pas un dispositif complet de gestion des risques. L’AFT appelle à un report du débat au Sénat pour réévaluer l’impact à long terme sur le système de retraite et la stabilité financière.
Le syndicat appelle enfin le Congrès à « prioriser la protection de la sécurité des retraites et de la stabilité économique, plutôt que de précipiter une législation cryptographique immature ». Ce conflit entre le syndicat des enseignants et le Sénat reflète une opposition fondamentale entre une vision conservatrice des intérêts ouvriers et une vision plus technophile de l’innovation, dont l’issue pourrait influencer le futur financier de plusieurs millions de travailleurs américains.
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Loi sur l'innovation en Crypto : un danger pour 6,5 trillions de dollars de retraites ! Le syndicat des enseignants américains : opposition à son adoption
« American Federation of Teachers» (AFT) a écrit au président du comité bancaire du Sénat, le sénateur Tim Scott, pour s’opposer fermement au « Projet de loi sur l’innovation financière responsable », avertissant que ce texte mettrait en danger la sécurité des retraites de 1,8 million de membres et pourrait être le prélude à une prochaine crise financière. La taille totale des fonds de pension publics aux États-Unis est d’environ 6,5 trillions de dollars, et l’AFT craint que la reconnaissance de la légitimité « grand public » des actifs cryptographiques par le projet de loi n’oblige les plans de retraite traditionnels à s’engager dans des investissements à haut risque.
Dispositif de tokenisation des actions : une menace de cheval de Troie pour la loi sur les valeurs mobilières
(Source : AFT)
L’AFT critique particulièrement dans son courrier la disposition du projet qui permet aux entreprises de tokeniser leurs actions et de les négocier sur la blockchain, estimant que cela affaiblirait la transparence et les mécanismes de reporting existants de la loi sur les valeurs mobilières. Si les entreprises peuvent contourner les obligations d’enregistrement et de divulgation, les fonds de pension et les plans 401(k) pourraient détenir à leur insu des actifs non réglementés. Wington souligne que cela « affaiblirait le filet de sécurité sur lequel les travailleurs ont basé toute leur vie de labeur ».
Le danger de cette disposition réside dans sa nature dissimulée. Sur la surface, la tokenisation des actions semble simplement une mise à niveau technique, améliorant l’efficacité des transactions et la rapidité de règlement. Mais en réalité, elle crée une opportunité d’arbitrage réglementaire. Les actions traditionnelles sont protégées par des exigences strictes de divulgation d’informations, d’audit financier, d’interdiction de délit d’initié, etc., qui ont été perfectionnées au fil des décennies pour protéger les investisseurs.
Une fois que les actions sont tokenisées et négociées sur la blockchain, la traçabilité et l’application de la réglementation deviennent beaucoup plus difficiles. Les transactions sur la chaîne peuvent être anonymisées, la circulation transfrontalière est plus libre, ce qui ouvre la voie à la manipulation de marché et au délit d’initié. Pour les fonds de pension détenant ces actions tokenisées, ils pourraient, à leur insu, assumer des risques bien supérieurs à ceux des actions classiques.
L’inquiétude de l’AFT n’est pas infondée. Selon la National Association of Public Pension Fund Administrators, à la fin du deuxième trimestre 2025, la taille totale des fonds de pension publics aux États-Unis s’élevait à environ 6,5 trillions de dollars, dont une part importante est constituée d’actifs de retraite d’enseignants. Ces fonds représentent la « contrepartie différée du revenu de dizaines d’années de travail des travailleurs », et devraient être investis dans des actifs relativement sûrs et réglementés. Si le projet de loi autorise la circulation de la tokenisation des actions dans ces fonds, c’est comme si l’on utilisait la pension des enseignants pour expérimenter des investissements à haut risque.
Les trois principales failles du projet de loi et leur danger pour la sécurité des retraites
Espace d’arbitrage réglementaire : la tokenisation des actions pourrait contourner les obligations d’enregistrement et de divulgation de la loi sur les valeurs mobilières
Manque flagrant de transparence : bien que traçables, les transactions sur la chaîne sont difficiles à associer aux véritables contrôleurs, rendant la détection du délit d’initié et de la manipulation de marché compliquée
Risque d’exposition forcée : le projet de loi confère une « légitimité grand public » aux actifs cryptographiques, ce qui pourrait indirectement forcer les fonds de pension à y investir
Wington insiste dans sa lettre sur le fait que la majorité des fonds de pension publics n’ont pas encore investi dans les actifs cryptographiques. Si la législation leur confère cette « légitimité grand public », cela pourrait obliger les plans de retraite traditionnels à s’engager dans des investissements à haut risque. Ce « risque passif » est la crainte majeure du syndicat : les gestionnaires de pension pourraient détenir des actifs tokenisés à cause d’un indice de référence, d’une décision de gestion active ou d’une recommandation d’une société de gestion, sans que les enseignants de base n’en soient informés ni puissent contrôler.
Insuffisances en matière de lutte contre le blanchiment et la fraude : des lacunes réglementaires mises en question
L’AFT craint également que le projet de loi ne prévoit pas suffisamment de mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent et la fraude. Dans sa lettre, elle critique le fait que la législation « ne fasse presque rien face aux activités illicites et aux transactions anonymes qui prolifèrent sur le marché cryptographique », et qu’au contraire, elle pourrait offrir davantage d’opportunités aux acteurs malveillants pour manipuler le marché. Ces critiques évoquent un problème de longue date dans le domaine des crypto-monnaies : si l’anonymat et la décentralisation sont des caractéristiques techniques, elles facilitent aussi les activités criminelles.
Au cours des dernières années, plusieurs affaires de fraude et de blanchiment impliquant des crypto-monnaies ont choqué le marché. Sam Bankman-Fried, de FTX, a été condamné pour fraude et blanchiment, pour un montant supérieur à 8 milliards de dollars. Binance a été condamné par le ministère américain de la Justice à une amende de 4,3 milliards de dollars pour non-conformité au respect des règles anti-blanchiment. Tornado Cash, un mixeur, a été accusé d’avoir permis le blanchiment de plus de 7 milliards de dollars. Ces affaires illustrent que le marché crypto présente de graves problèmes d’activité illicite en l’absence d’une réglementation efficace.
Bien que le nom « Projet de loi sur l’innovation financière responsable » laisse penser à une démarche responsable, l’AFT pense que son contenu n’est en réalité pas responsable. Le texte tente de concilier innovation et protection des investisseurs, mais du point de vue syndical, cette tentative penche trop en faveur de la première tout en sacrifiant la seconde. En particulier pour les actifs liés à la retraite, qui concernent la sécurité financière de millions de personnes, toute relaxation réglementaire pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Précédemment, la plus grande union syndicale américaine, la AFL-CIO, a également écrit en octobre au Congrès pour critiquer le projet, affirmant que « il ne protège pas les consommateurs ni les travailleurs, et expose le système financier dans son ensemble à des risques accrus ». Cette opposition unanime de plusieurs syndicats montre l’inquiétude générale des organisations ouvrières face à l’entrée des actifs cryptographiques dans le système de retraite. Les syndicats représentent les intérêts des travailleurs ouvriers et de la classe moyenne, et leur attitude envers l’innovation financière est généralement plus prudente et conservatrice.
Le défi de l’équilibre entre innovation et sécurité
Ce projet de loi, porté par la sénatrice Cynthia Lummis, vise à établir un cadre réglementaire pour les actifs cryptographiques, en clarifiant les compétences de la Securities and Exchange Commission (SEC) et de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Ses partisans estiment qu’un cadre réglementaire clair encouragera l’innovation et attirera les investissements, permettant aux États-Unis de conserver une position de leader dans la compétition mondiale en matière de crypto. Cependant, l’AFT considère que le projet de loi minimise trop les risques et la volatilité liés aux actifs cryptographiques.
Actuellement, les divergences subsistent entre républicains et démocrates quant au contenu précis du texte. Certains parlementaires soutiennent que le projet apportera un « équilibre entre innovation et réglementation », mais plusieurs organisations, dont l’AFT et l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), avertissent que le texte actuel ne prévoit pas un dispositif complet de gestion des risques. L’AFT appelle à un report du débat au Sénat pour réévaluer l’impact à long terme sur le système de retraite et la stabilité financière.
Le syndicat appelle enfin le Congrès à « prioriser la protection de la sécurité des retraites et de la stabilité économique, plutôt que de précipiter une législation cryptographique immature ». Ce conflit entre le syndicat des enseignants et le Sénat reflète une opposition fondamentale entre une vision conservatrice des intérêts ouvriers et une vision plus technophile de l’innovation, dont l’issue pourrait influencer le futur financier de plusieurs millions de travailleurs américains.